26/03/18 : étape 2 / 14, arrivé à Aljucén, 17,6 km, 23 224 pas (cumul 33,6 km / 300) – « Tu es un homme libre »

Ecrit par Philippe Meynard / 26 mars 2018 / 0 Comments

26/03/18 étape 2 : Aljucén, 17,6 km, 23 224 pas
Cumul : 33,6 km / 300, 43 224 pas.

Une amie m’a écrit hier « tu es devenu un homme libre ». En fait… je crois qu’elle a raison.

En 1999, assumer publiquement mon homosexualité pouvait paraître relever de l’inconscience, voir du « suicide politique » – comme me l’ont « élégamment » dit quelques personnes à l’époque. Rajoutant : « tu aurais du te taire ! ».

En 1999 on « assumait ». En 2018, l’immense majorité des gens dit « où est le problème ?? ». Il a fallu 1999 pour que 2018 soit possible.

En 1981, en France, l’homosexualité a été retirée des maladies mentales et dépénalisée (il faudra attendre 1990 pour que l’Organisation Mondiale de la Santé la supprime au niveau mondial).

Il aura fallu 1981 pour que 1999 soit possible. 1981, 1999, 2018, c’est un chemin tout ça… Qui peut paraître long, mais est finalement très court à l’échelle de l’humanité.

« Tu aurais du te taire ! ».

Je me souviens de l’un des chapitres du livre « le prix de la différence », publié en 2000 (Michel Lafon). Il était très court : « entre l’être humain et l’homme public, lequel tu choisis ? ». A l’époque, j’ai choisi. Jamais je ne l’ai regretté. Quelles qu’ont pu en être les conséquences par la suite. Ce choix était vital.

Même si la période fut rude, si rien ne m’a été épargné pendant et après (je veux parler de la violence de certains actes et propos), jamais je ne l’ai regretté. Jamais.

Avec du recul, je sais qu’il n’aurait pas été possible de construire la suite de ma vie sur des sables mouvants, balayé lors de vents très forts qui n’ont d’ailleurs pas manqué pas d’arriver.

Comme l’a si justement dit Bernard Shaw : « Quand on fait quelque chose, on a contre soi, ceux qui voulaient le faire à votre place, ceux qui voulaient faire le contraire et ceux qui voulaient qu’on ne fasse rien du tout ».

Il n’était « pas possible » que cet aspect de ma personnalité soit une faille, dans laquelle il aurait été facile de s’engouffrer pour me faire plier. J’étais terrorisé à cette idée. « Pas possible ».

En 2000, nous étions à l’époque du PACS. (CQFD « au siècle dernier »). Un temps que les (presques) moins de 20 ans n’ont pas connu. Ce n’était pas le temps des diligences, mais dans les propos des opposants, on était quasiment dans un grotte préhistorique ! (si tant est que les hommes préhistoriques fussent autant primaires et sauvages).

Si la génération 2.0 a connu le « mariage pour tous », la différence fut cependant majeure : la honte avait changé de camp.

« Tu es devenu un homme libre ».

C’est quoi « être libre » ?

En l’occurrence, C’est vivre totalement « tel que je suis », avec mes forces, mes faiblesses, ma sensibilité. Ne pas paraître tel que les autres voudraient que je sois (cela les rassure), mais « être moi ». En fait, « être soi », donc « être vrai », est « la » force absolue.

« Son » équilibre, son « harmonie intérieure » passent avant ceux des autres. Il faut cependant entrer dans une dynamique « zen » pour éviter que « l’égocentrisme » prenne le dessus (par exemple faire preuve de bienveillance, d’empathie).

C’est « la » condition du bonheur, d’une ouverture saine à l’autre. Savoir dire « non » à l’autre pour se dire « oui » à soi. Sans violence dans ses propos.

Cela n’empêche évidemment pas la difficulté sociale. Mais s’il n’y a plus que « ça » à régler, une révision s’impose ! (pas chez le garagiste, plutôt chez le psy).

Le monde et les gens ne changeront pas. Alors, on est son meilleur allié, son meilleur ami. Comme l’a si magnifiquement dit le mahatma Gandhi : “vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde.” – (dans les mots, dans son comportement).

En fait, c’est « simple » l’équilibre et le bonheur : ce sont des « choix ». Notre vie est faite de « choix ». Le résultat de ces « choix » doit être équilibrant pour nous. Même s’ils sont difficiles. La difficulté de l’instant conditionne la beauté de  « demain ».

Bon enfin, c’est un peu comme ça hein (sourire). Je ne suis ni psy ni philosophe, suis juste un petit marcheur sans ampoule aux pieds, mais avec « la lumière à tous les étages ».

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