31/03/18 : « avoir la foi »

Ecrit par Philippe Meynard / 31 mars 2018 / 0 Comments

« Et la foi dans tout ca ?… », un commentaire laissé par l’un d’entre-vous sur l’un des derniers posts sur Facebook.

En ce samedi Saint, avant de partir marcher les 31 kilomètres de l’étape du jour, je vais répondre.

Je me souviens d’une journaliste de France 3 Aquitaine qui m’avait invité en juillet 2015, à mon retour de la marche jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle m’avait posé « la » question : « c’était religieux votre marche ? ». Je n’ai pas su quoi répondre…

J’ai parlé d’une (dé)marche spirituelle, qu’il me fallait mettre de l’ordre dans « tout ça », que j’ai vécu cet AVC comme un tsunami. Qu’il m’a cassé les reins, a atomisé ma vie – Nous étions en 2015; depuis, on a trouvé un petit arrangement avec les atomes ! (sourire).

En vérité, il n’est pas possible de répondre à une telle question « comme ça », en quelques secondes….

Me suis-je toujours senti protégé, même dans les pires moments de ma « vie d’avant » ? Oui.

Me suis-je senti partir, alors que le neuro-chirurgien et son équipe se battaient pour que je vive, pour éviter une « mort cérébrale » qui semblait inévitable ? Oui !

Quelque chose, quelqu’un m’a-t-il retenu pour que je reste « » ? Ben… « oui » ! « Retenu », « attrapé ». « Toi, tu restes là, j’ai encore besoin de toi ici ». Ok c’est toi le boss !

Les plus septiques (mais bienveillants) diront « c’est c’la oui »; D’autres : « il est complètement taré ! ». Soit.

Je me souviens avoir dit plusieurs fois à mes proches « même pas peur, c’est mon pote maintenant, s’il avait voulu que je parte, il m’aurait laissé partir ! ». Qu’est-ce que vous voulez répondre à ça…

Plus sérieusement, il y a eu un moment « étrange » alors que j’étais sur la table d’opération. Je me suis senti « partir »; c’était la fin. Je ne pouvais plus respirer. C’était très douloureux. Entouré de bruits stridents, j’avais très peur. Je m’éloignais, je partais… et puis hop, Mimie Mathy a claqué des doigts ! Un calme « étrange », apaisant, un moment de plénitude absolu, comme jamais je n’en avais ressenti. Je me suis remis à respirer, et me suis rendormi paisiblement. « Sauf » que j’étais dans le coma, sur la table d’opération, la boîte crânienne ouverte…

Je dirai tout ça, en détail – évidemment que je me souviens de tout : j’y étais (sourire) ! – sûrement dans un texte, un livre. Quand ? « Lo que ha de ser no puede faltar ».

« Avoir la foi », c’est ne plus / pas avoir peur.

« Avoir la foi », c’est avoir confiance, et avancer.

« Avoir la foi », c’est savoir voir l’étoile scintiller, même dans un moment sombre, et s’accrocher à elle.

« Avoir la foi », c’est mettre un pied devant l’autre et recommencer.

« Avoir la foi », c’est faire en sorte que la journée soit utile, généreuse, et bienveillante avec soi et avec les autres.

« Avoir la foi, c’est monter la première marche, même quand on ne voit pas tout l’escalier » (Martin Luther King).

Avoir la foi, c’est cette photo de « moi », prise le 17/05/15, par mon amie Monique qui marchait à mes côtés sur le Camino Francès (un des chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle).

 

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