11/02/18 : AVC, 4 ans. Dire des choses
Le 11/02/2014, aura été le dernier jour de « mon ancienne vie ». 4 ans aujourd’hui… je me souviens très bien de ce 11/02/2014, comme « si c’était hier ». De ce que j’ai fait. De ce qu’on m’a fait. De ce qu’on m’a dit. De cette dernière goutte d’eau qui a fait « déborder le vase ». Poussant mon corps à prendre les commandes et à dire « STOP, moi j’arrête ». Alors que mon esprit était trop occupé à garder la tête hors de l’eau. Et depuis des années à éviter les balles. On ne fait pas un AVC « par hasard »…
Cet AVC m’a sauvé la vie. J’ai pleinement conscience de la force de cette révélation. Mais je devais l’écrire « aujourd’hui ». En pensant très fort à mon ami Joan, qui il y a quelques jours, a choisi que sa vie s’arrête.
Le 13/02/14 aura été « le 1er jour du reste de ma vie ». « Fêter » ces 4 ans est un privilège. Un miracle.
Souvent, avec bienveillance, on me dit « tu repars comment avant », « tu en fait trop », « il faut te reposer ».
Sourire de ma part. C’est important de bien définir les choses : j’ai l’immense chance de ne pas avoir de séquelles physiques handicapantes. Donc de pouvoir vivre une vie dense, riche, certes sans cesse en mouvement, mais vivant pleinement chaque instant, chaque rencontre. En ayant comme moteur le sens donné à mon action.
Sans obligation, sans compromission. En pleine harmonie entre mon corps et mon esprit. Donc maintenant en paix.
Désormais, je ne perds plus de temps ni d’énergie avec les choses sans importance, et les personnes qui ne participent pas à ce dessein.
Oh, je ne suis pas naïf ! J’évolue évidemment dans un monde avec des codes, des obligations, des egos. Les êtres humains, quels qu’ils soient, quelles que soient leurs fonctions, sont avant tout « humains » ! Mais tout cela ne m’atteint plus. Ne m’oblige pas. Tout juste est-ce à prendre en considération, car nécessaire pour mener à bien nos actions.
Je suis d’ailleurs plein de gratitude envers ceux qui nous permettent d’agir.
« À chacun sa mission », tel est le titre d’un livre de Jean Monbourquette, prêtre psychologue québécois.
Qui sait, peut-être aujourd’hui vais-je rencontrer un père, l’informer sur les AVC, les facteurs de risque, les symptômes; Il va repartir avec la brochure de prévention, qu’il lira sur le télésiège. Il prendre peut-être conscience qu’il doit changer des choses dans sa vie pour vivre longtemps, s’occuper et protéger ses enfants, les voir grandir. Qui sait ? Et puis cette grand-mère, qui va prendre soin d’elle, parce qu’aux prochaines vacances, elle aura le bonheur de garder ses petits enfants, de les amener au ski, ou à la plage. De les guider. Et ce couple, qui rit et est complice, dans une forme d’insouciance.
En fait je les ai peut-être déjà rencontrés lors du « tour des plages » l’été dernier, ou du « tour de France » cet automne. Ou en déplacement à Beauvais en novembre. Peut-être sur le marché à Lormont, ou lors de la dernière conférence à Léognan. Peut-être en fait ! Oui « peut-être »… Nos chemins ne devaient pas se croiser. Et pourtant…
J’ai lu récemment « Les hasards nécessaires » écrit par Jean-François Vézina. Livre sur la synchronicité des rencontres et des moments.
Quoi qu’il en soit, à tous, cette pensée qui guide maintenant mes pas : « On a deux vies, et la seconde commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une » (Confucius)
« Demain » est certes un « autre jour ». Mais aujourd’hui est un flocon de neige.