30/11/17 : un rencontre particulière sur le marché de Brive (19). Un rappel au bien fondé de notre action
Une rencontre à Brive, sur le marché, halle Georges Brassens :
– bonjour madame, nous faisons de la prévention contre les AVC, voici un document qui recense les facteurs de risque et les symptômes de l’AVC,
– oh, vous savez, les soucis aussi… Question « soucis », je ne suis pas épargnée… Je pleure pour mon fils. Il a 38 ans, je l’ai adopté, il a subit des attouchements quand il était petit, et on l’a su trop tard, il n’a rien dit, à personne… En fait, on ne parle pas chez nous… Il a le statut de travailleur handicapé, j’ai tout fait pour qu’il soit embauché dans une collectivité. Sauf que son « attoucheur », est agent dans cette collectivité, et à sa sortie de prison (car il a attouché et violé d’autres jeunes garçons et a été condamné par la Justice), il est revenu dans cette collectivité. Ce retour fut très violent pour lui avec des changements de comportement ; il a pété les plombs. S’en est suivie une très forte dépression. Le revoir a été vécu comme en fait un « double peine »… A la suite de sa forte dépression, il a été arrêté longtemps. Maintenant il est inapte au travail, et a été « rayé » des cadres, et mis à la retraite. Je l’ai amené voir un neuropsychiatre, qui a voulu me parler après. Il m’a dit qu’il ne pouvait rien pour lui, mais que la situation était inquiétante, qu’il avait des idées noires… qu’il fallait qu’il soit aidé et accompagné.
– vous savez, je comprends ce que vous dit le neuropsychiatre. En fait, votre fils n’a pas un problème « neurologique », mais douloureusement « psychologique ». Il vit le retour de son agresseur comme un (ré)ouverture de sa blessure. Se mélange plusieurs choses : l’adoption, l’attouchement, le rejet, et son agresseur qui revient dans sa vie. C’est insupportable pour votre fils, mais voyez vous, ce serait insupportable pour chacun d’entre nous…
– oui, et il a dit à ma sœur : « tout ça c’est de la faute à ma mère »…
– n’importe quelle mère aurait fait exactement la même chose que vous. Vous vous êtes battue pour l’avoir, battue pour lui trouver une situation, battue pour être là et l’aider. Vous n’avez pas à culpabiliser de ce qui est arrivé, ce n’est pas de votre faute, « à vous »… Ce qu’il faut faire, c’est d’abord que vous alliez voir un psychiatre, pour affronter « verbalement » tout ça, le dire, et que vous ne culpabilisiez pas, car en fait, vous devez être fière de ce que vous avez fait, vous avez été et vous êtes une bonne mère. Il y a autre chose que je veux vous dire. Le neuropsychiatre vous a dit que votre fils avait des idées noires. Vous allez prendre un rendez-vous pour vous, parler au psychiatre de la situation, et vous faire aider pour qu’il soit pris en charge. La situation vous pèse, elle très logiquement dure émotionnellement… Mais, pour ne pas avoir de remords demain si jamais vous êtes face à l’irréparable, il faut agir maintenant. Et puis votre fils a besoin de vous, d’une maman en pleine forme, donc, vous allez aller voir votre médecin, contrôler votre tension, si besoin avoir un traitement pour vous aider à « passer le cap »,
– il reste à la maison, passe sa journée dans le canapé, à regarder la télé, des films violents, les jeux vidéo, il est est sur l’ordinateur, enfermé dans sa chambre et dans le salon,
– amenez-le avec vous, qu’il vienne vous aider à préparer le marché, à installer votre étal, qu’il puisse sortir et faire des activités, dîtes-lui que vous comptez sur lui,
– ah oui… Je n’avais pas vu les choses comme ça…
La prévention des AVC, c’est « aussi » la prise en considération des facteurs humains, de la vie des personnes. Ce marché à Brive et cette rencontre son un rappel quant au bien fondé de notre action.