29/03/18 étape 5 / 14 : arrivé à Casar de Cáceres, 30,49 km, 40 173 pas. Cumul : 112,86 km / 300, 149 171 pas.

Ecrit par Philippe Meynard / 29 mars 2018 / 0 Comments

29/03/18 étape 5 : Casar de Cáceres, 30,49 km, 40 173 pas.
Cumul : 112,86 km / 300, 149 171 pas.
Les 3 jours prochains, idem. Là, on rentre dans le dur ! 

Les 17 premiers kilomètres à réfléchir : 

« Vous vivez de quoi ? »

La première fois, c’est une journaliste de France 2 qui m’a posé la question. Elle était venue 3 jours pour faire un long portrait.

Cette question m’a mis mal à l’aise, tant je n’ai jamais eu l’habitude de « dire » ni de « montrer ».

La seconde fois, elle m’a été posée par une dame lors d’une conférence. C’était à Blanquefort je crois. Le malaise était perceptible auprès d’autres personnes qui étaient présentes. Plus de moi.

Puis un commentaire sur le post de mardi : « juste une question… qui finance tout cela… » (Sous entendu : la marche). Ma réponse à ce commentaire : « mon compte en banque ».

Les 17 premiers kilomètres parcourus l’ont été en réfléchissant à tout ça.

Je n’ai jamais été à plaindre, j’ai organisé ma vie, je suis « à l’abri ». Au début des mandats qui m’ont été confiés, j’ai beaucoup travaillé « à côté ». Notamment pour « ma retraite ». Je n’avais « juste » pas prévu que celle-ci viendrait à 43 ans…

Grâce à ces mandats, je vivais avec de très confortables indemnités. Je ne les cumulais pas avec des revenus professionnels, j’avais logiquement renoncé à toute autre activité.

Tout s’est arrêté avec mon AVC.

J’ai été en arrêt maladie pendant deux ans, avant que la Sécurité Sociale ne décide une mise en invalidité, et ne me verse une pension. Peu importe son montant, je vous indique simplement qu’il est modeste compte tenu de mes revenus antérieurs.

Quelques mois avant mon accident, j’avais signé un contrat de Prévoyance. « On ne sait jamais ».

Depuis l’AVC, il me garantit des revenus très confortables jusqu’à l’âge de la retraite. Je peux donc consacrer toute mon énergie bénévolement et utilement aux actions de prévention menées par l’association – AVC tous concernés -. À marcher aussi.

« Vous vivez de quoi ? ».

On va poser la question différemment : « si demain, il vous arrive quelque chose de grave, que vous ne pouvez plus subvenir à vos besoins, à ceux de vos enfants pour les élever, avez-vous pris vos précautions ? ». Cette formulation interpelle….

Je vais vous donner un exemple.

Lors de ma rééducation au centre des Grands Chênes à Bordeaux, un monsieur est venu me parler. Il savait qui j’étais. Nous étions là « pour la même chose ».

Il m’a demandé d’intervenir auprès de la Région pour que ses enfants puissent bénéficier de bourses, que le dossier qu’il venait de déposer soit traité le plus rapidement possible. Il n’avait en effet plus les moyens de leur acheter des livres pour les cours au lycée. Bénéficier de l’opération « coup de pouce » était donc la bienvenue.

La situation le meurtrissait. Assis dans son fauteuil roulant, il m’a dit : « si j’avais su… » Et s’est mis à pleurer.

Sa préoccupation était aussi de pouvoir payer sa maison. Il pouvait faire face au crédit quelques mois avec ses économies, mais après….

Il y avait une forte probabilité qu’il doive « garder » le fauteuil roulant. Il fallait donc songer à adapter sa maison. Plusieurs milliers d’euros allaient être nécessaires. Il ne les avait pas, ce que accentuait son angoisse.

Nous croyons tous que nous sommes « couverts » en cas de pépin. Pourtant s’agissant des crédits, notamment immobiliers, seule est obligatoire l’assurance « décès – invalidité totale et définitive ». La « perte de revenu » ou « l’incapacité professionnelle » sont des assurances optionnelles. Il ne les avait pas souscrites, pour économiser quelques euros. « Si j’avais su… »

Lors de l’action « prévention des AVC dans les stations de ski », une dame nous a dit : « vous allez me porter la poisse avec votre truc ! ».

Personne n’est à l’abri d’un « truc ».

Rencontrer son assureur pour être protégé en cas d’un « truc », ça prend quelques secondes, ça coûte un peu de sous, mais quand la vie réserve un dur « truc » aux conséquences multiples, « au moins » que l’on ait de quoi avoir un toit, payer ses factures, manger, se nourrir et élever ses enfants.

Un AVC, c’est un séisme pour toute la cellule familiale. Un tsunami. On embarque tout le monde avec soi.

Il est donc capital de se soucier « avant » de l’état des gilets et du canot de sauvetage.

Parce qu’en fait, « on ne sait jamais ».

Et vous. « vous vivrez de quoi » en cas de « truc » ?

 

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