25/3 – 8/4 : après 200 km à pied l’an dernier, les 300 suivants

Ecrit par Philippe Meynard / 24 mars 2018 / 0 Comments

En partant de Bordeaux, une amie m’a dit ceci : « tu pars tout seul ? Mais s’il t’arrive quelque chose… »

Pendant le vol pour Séville, j’ai beaucoup réfléchi à cette phrase, tout en mesurant sa bienveillance.

« Tu pars tout seul ? ».

Oui, pas pour fuir quoi que ce soit, mes « murs porteurs » sont là, mon « mur porteur » principal est d’ailleurs resté à la maison. Simplement pour vivre une introspection profonde, silencieusement. Pour cela, la solitude est nécessaire.

Réfléchir à sa propre vie, au dosage de son contenu, à son propre équilibre.

Réfléchir à sa propre vie, c’est mesurer le chemin parcouru, ce qu’il a été « avant » le tsunami, et « après ». Remonter à la surface, passer les cols, garder les cimes comme horizon, surtout lors des chutes. Se relever toujours, et marcher, quel que soit le Chemin.

C’est aussi être conscient que « la vie de maintenant », doit être équilibrée et heureuse. Ce sont les – seuls – enjeux.

J’emporte avec moi mon ami Joan, qui s’est suicidé il y a deux mois. Il est dans mon cœur. C’est une blessure profonde, douloureuse. Très. Elle a précipité mon envie de partir marcher, seul. L’AVC dont j’ai été victime a mis un arrêt brutal à plein de choses, à la vie que je menais. Que nous menions. Elle nous détruisait, les petites et grandes saloperies, les tensions, les rapports de force, violents et sans concession, étaient pour nous « insupportables ». Il y avait aussi les moments heureux, et les belles personnes, même dans ce milieu, mais ils ne compensaient pas les moments « insupportables ». C’est d’ailleurs un mot qu’il a écrit dans la lettre qu’il a laissée. Nous en avions parlé, plusieurs fois… J’ai fait un AVC, violent. Il m’a sauvé la vie. La sienne a été détruite.

« Mais s’il t’arrive quelque chose… »

Il ne peut rien m’arriver. Ce n’est pas moi qui décide. Je sais au fond de moi que je suis « resté » pour accomplir quelque chose. Ce « quelque chose », cette mission – soyons-fou « ces » missions (j’ai le temps) – n’est pas encore atteinte.

Je n’ai plus peur. De rien ni de personne. « Mon chéri, ce n’était pas ton heure » m’a dit ma mère à mon réveil à mon réveil du coma après l’operation neurochirurcale.

Il ne s’agit pas d’une « assurance tous risques »; il y a une condition principale à tout ça : « prendre soin de soi » :
– vivre le plus sainement possible,
– en l’occurrence : amener avec soi les médicaments et le ventilateur nocturne pour traiter les apnées du sommeil,
« faire sa part », « faire son possible », « faire de son mieux »,
– se reposer et bien dormir,
– Vivre pleinement, intensément, « utilement »,
– Éloigner les personnes toxiques,
– se nourrir des moments passés avec les personnes que l’on aime, que notre présence « nourrit » en retour,
– faire sien « les accords Toltèques »,
– avoir « confiance ».

« Lo que ha de ser no puede faltar »
(« Ce qui doit arriver ne peut pas manquer », inscription sur le château de Coarraze, où Henri IV a passé sa jeunesse)

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