27/03/18 étape 3 / 14 : arrivé à Alcuéscar, 21,75 km, 28 653 pas. Cumul : 55,35 km / 300, 73 800 pas. « Un exemple »

Ecrit par Philippe Meynard / 27 mars 2018 / 0 Comments

27/03/18 étape 3 : Alcuéscar, 21,75 km, 28 653 pas.
Cumul : 55,35 km / 300, 73 800 pas.

« Un exemple »

Une amie avec qui j’échangeais hier soir via Messenger m’a écrit ceci : « ce que tu mènes depuis des mois en tant qu’exemple est plus important que ce que tu pourras écrire. Car ceux qui sont indirectement concernés ne comprendront pas, encore faudrait-il qu’ils te lisent ».

C’est intéressant. Il fallait bien près de 22 km pour y réfléchir ! (Merci Catherine).

J’ai compris ce qu’elle veut dire. En fait il y a 3 choses : « indirectement », « directement », ce que pourraient être mes « motivations ». Je vais donc reprendre ces mots.

« Indirectement ».

Je ne cherche pas à faire passer de messages à ceux qui ont fait partie de « ma vie d’avant ». Nullement !

C’est le passé, « tout est pardonné » (comprendre certains comportements « avant », les absences quasi générales « après »).

25 ans de vie publique (plus de la moitié de ma vie) dont 10 ans maire, 6 ans Président de l’Intercommunalité, 5 ans Conseiller Régional, et le téléphone qui ne sonne quasiment plus depuis 4 ans.

Quelques jours avant de partir marcher, j’ai partagé un déjeuner avec des amis. À la table à côté, une vingtaine de collaborateurs de l’Intercommunalité. Dont plusieurs que j’ai recruté, Suis allé chercher, pour leurs compétences. Et même pour aider. Seulement 2 sont venus me saluer. C’est ainsi. Aucune animosité de ma part – aucune ! -.

Quelles que soient d’ailleurs les raisons des protagonistes (élus ou pas) : le temps, la course, l’indifférence, leurs propres soucis, la gêne, la pudeur, l’oubli aussi… Ou autres. C’est ainsi.

Je ne fais pas mon Calimero – loin de là ! – j’avais envie simplement de vous l’écrire, de façon apaisée, factuelle.

Combien ai-je rencontré de retraités qui une fois partis à la retraite, ne sont plus dans la vie de l’entreprise, dans les « radars » ?

De ce « monde », j’ai gardé quelques ami(e)s fidèles. Nous partageons des moments, des vacances, des repas. Ils me font part de leurs difficultés, me racontent comme cela se passe; Ils me disent souvent : « tu as bien fait d’en partir ». Et on s’esclaffe !

En tout cas, la page est tournée, la vie apaisée. « Tout est pardonné ». Le Chemin de résilience est maintenant beaucoup moins sinueux et difficile que lorsque je l’ai entrepris.

Par chance, j’avais de solides « murs porteurs » pour me protéger, auxquels je me suis adossé – au sens propre comme au sens figuré -. Et de bonnes chaussures ! Il faut de bonnes chaussures protectrices pour éviter les entorses, ou les chutes !

Lors de la sortie du numéro de Charlie Hebdo après les attentats, il était écrit en Une : « tout est pardonné ». Je l’ai lu, sans forcément comprendre à l’époque. J’ai par la suite « compris ». « Tout est pardonné ». Dans ce cas ignoble, l’immense souffrance de « ceux » qui restaient, n’avaient pas d’autre choix pour « vivre », et avancer.

« Pardonner », ce n’est pas oublier, c’est accepter que certains faits ne fassent plus souffrir, pour rendre possible « demain ».

J’ai été très touché par l’époux de l’une des victimes de l’attentat du Bataclan qui a eu cette formule généreuse et guérisseuse : « vous n’aurez pas ma haine ». Ou le compagnon du jeune gardien de la paix assassiné sur les Champs Elysées; Il a tenu les mêmes propos lors de l’Hommage National rendu à son compagnon dans la cours des Invalides.

Ils ont tous les deux choisi « le pardon » pour continuer à vivre. En fait ils ont choisi le « pardon » plutôt que « la haine », ce qui n’enlève rien à leur souffrance. Rien… Il leur a permis cependant d’entamer leur deuil, la résilience. C’est précieux.

Je vais vous dire autre chose. Je n’ai pas compris « assez tôt » combien le monde politique n’était pas fait pour moi… Si j’aimais passionnément ce que je faisais, les conditions n’étaient pas « équilibrantes ». J’ai lutté, lutté, trop. Jusqu’à ce que mon corps dise « stop ».

J’ai découvert qu’il est possible de servir l’intérêt général dans la bienveillance.

Si « vie politique » et bienveillance ne sont pas conciliables, ma vie et mes engagements « d’aujourd’hui » permettent d’être utile et de servir l’intérêt général dans la bienveillance. C’est de toute façon une exigence non négociable. Rien n’est plus possible si c’est au détriment de mon équilibre. Rien.

« Directement »

je suis très sensible au fait que mes écrits et mes actes apportent de l’aide et permettent des prises de conscience. J’ai des exemples précis, parmi mes proches ou lors de rencontres. Également en lisant de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux.

Qu’ils soient aussi source d’espérance pour des personnes qui sont dans la difficulté, vivent dans le brouillard, la peur, des lendemains d’un AVC ou d’un autre accident de la vie, qui vivent cela dans la solitude, le désespoir, parfois un sentiment d’incompréhension.

J’ai conscience d’être un exemple « vivant » d’un possible, de donner de l’espoir. C’est un privilège. Aucunement « une responsabilité » – C’est un mot qui est définitivement banni de mon vocabulaire tant il me rappelle des choses angoissantes.

« mes motivations »

En fait il n’y en pas « d’extérieures ».

Ma seule « motivation » est d’être en harmonie entre ce que je suis, ce que je pense, et ce que je fais. En l’occurrence, écris.

Ma seule « motivation » est d’être heureux.

Je me souviens d’une citation dans le livre de Laurent Gounelle « les dieux voyagent toujours incognitos » : « on ne peut pas changer les gens tu sais. On peut juste leur montrer un chemin, puis leur donner envie de l’emprunter. »

À ce propos, après 21,75 km et 28  653 pas, vite que je libère mes pieds !

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