« Ne me remercie pas, tu sais, je n’ai fait que mon travail »

Ecrit par Philippe Meynard / 16 novembre 2017 / 0 Comments

« Ne me remercie pas, tu sais, je n’ai fait que mon travail »

C’est vrai, « tu n’as fait que ton travail ». Mais j’ai fait partie de « ton travail ».

Nos chemins se sont croisés le 13 février 2014, aux Soins Intensifs du CHU de Bordeaux. J’étais encore dans le coma, je revenais du bloc après une opération neurochirurgicale vitale, suite à l’AVC dont je venais d’être victime. Si elle n’avait pas été , je ne serai pas là pour écrire ces mots. Assurément. Ils sont teintés de gratitude, de grande gratitude.

« Tu n’as fait que ton travail, et je faisais partie de ton travail ».

J’ai eu l’immense chance de te revoir ce jour. De pouvoir te dire « merci ». Nous avons parlé, longtemps. Nous nous sommes dit beaucoup de choses. Avec pudeur, émotion, spontanéité et confiance. Merci Rami.

Il y a de très nombreux « Rami » dans les hôpitaux, les maisons de retraite, le personnel de santé. Ces femmes et ces hommes ont fait un choix professionnel. Avec abnégation, avec bienveillance. Une vocation. Cette humanité devrait guider chacun de nos pas, de nos gestes, donner « le » sens que doit avoir « la » vie.

Je vais vous faire une confidence. Il y a quelques mois, nous étions avec mon père aux obsèques d’un ami. Pendant toute sa vie, B. a travaillé dur, du matin tôt jusqu’au soir tard. 7 jours sur 7. Il est parti d’un cancer quelques années après une retraite bien méritée. Dans l’église, papa m’a dit ceci :
– et toi ça va mon drôle ?
– oui, papa ça va. Je suis « heureux » d’ouvrir les yeux, et « heureux » lorsque je vais me coucher. Pourquoi ? Parce que la seule chose sur laquelle j’ai finalement du « pouvoir », c’est ce que je fais de chacun des instants de « ma » journée, de l’intensité et du sens de chacun des « instants » qu’il m’est donné de vivre.

Aujourd’hui, ce fut un privilège de le revoir.

La façon d’agir des soignants au CHU de Bordeaux m’inspire une profonde reconnaissance. Mais avec Rami, ce fut « spécial ». Je n’oublie pas le « supplément d’âme » dont il a fait preuve à mon égard.

« Tu n’as pas à me remercier Philippe, je n’ai fait que mon travail ». Peut-être, mais cet  « instant » aujourd’hui fut précieux, et je peux aller me coucher « heureux ».

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